I want that you touch me [ Helen & Jeff ]

A l’instant où Helen posa sa main sur la sienne, Jeffrey comprit que les choses s’arrangeraient. Evidemment, cette dispute les avait sérieusement ébranlés tous les deux et ils n’oublieraient pas si facilement ce que l’autre avait dit, mais au moins, ils continueraient à avancer. Dans quelle direction ? Ca, le jeune homme l’ignorait encore et en préférait pas y songer pour le moment.
Le sourire qu’elle lui adressa ensuite fit disparaitre la dernière once de doute qui sommeillait insidieusement en lui. Il aimait ce sourire. Dieu il se serait damné pour lui…
Il avait du mal à croire que c’était lui qui s’exprimait de cette manière. Il y a quelques temps encore, il ne l’a voyait que comme une amie. Une amie de laquelle il était certes proche, mais sur laquelle il ne fantasmait pas.
Le seul point positif de leur échange houleux était que dorénavant, il était certain de ses sentiments… mais ce n’était pas une bonne chose, il en avait peur.
Laissant ses pensées sombres dans un coin de sa tête, il adressa un petit sourire emprunt de fierté à Helen suite à sa remarque. Il haussa les épaules l’air de dire : c’est tout moi ça, puis la laissa passer son bras autour de sa taille. Jeff fit passer le sien autour de ses épaules et ils se dirigèrent d’un commun accord vers l’appartement d’Helen.

Le sien était dans un état épouvantable et il ne voulait pas confronter son amie à un tel monde. Son monde… plein de cartons de pizza, cadavre de canette de bière, de paquets de chips éventrés et autres fringues sales. Un appartement de mâle en somme.
Celui d’Helen n’était pas forcément parfait mais au moins, il y faisait bon, sec, et il ne régnait pas une odeur désagréable de tabac froid en permanence.
A peine eurent-il passés la porte qu’Helen se déshabillait déjà. Jeffrey l’avait vu en sous-vêtements des centaines de fois mais aujourd’hui, c’était différent. Aujourd’hui, lorsqu’il la regardait, il se sentait pervers. Il n’avait plus les mêmes idées en tête.
Il y a quelques mois, en la voyant dans cette tenue, il se serait dit : je vais lui piquer ses fringues et la mettre dehors. Présentement, il pensait à embrasser sa peau d’albâtre, caresser ses seins et glisser sa main dans son entrejambes… Pervers.
Le jeune homme préféra donc se détourner pendant qu’Helen se débattait avec son pantalon, et se chargea de refermer la porte. Il ôta sa veste de cuir et ses chaussures en lui tournant le dos, ne pouvant s’empêcher de jeter de petits coups d’œil en direction de la rouquine.

Rouquine qui finit par s’approcher pour lui demander les siennes.
L’espace d’une seconde, il fut tenté de lui répondre que ça irait, qu’il n’était pas si mouillé que ça… mais une goutte d’eau lui tomba sur les yeux et il arriva à la conclusion que ce serait stupide. Et refuser de se déshabiller ne lui ressemblait pas. Du moins, ne ressemblait pas au Jeff qu’elle connaissait… ou croyait connaitre.

« J’te préviens, j’ai pas de caleçon » plaisanta-t-il dans un haussement de sourcils évocateur

Il ôta ensuite son tee-shirt détrempé puis s’attela à défaire sa ceinture et son slim. Celui-ci lui posa quelques difficultés mais, au prix de quelques efforts et après avoir manqué de tomber 2 fois, il en vint à bout. La prochaine fois, il regarderait la météo avant de s’habiller de la sorte !
Evidemment, il avait simplement taquiné Helen et était maintenant en boxer. Boxer qui était trempé et peut agréable à porter. Au moins était-il sombre et ne laissait-il rien transparaitre… sans doute sa seule bonne idée de la journée.
Pendant qu’Helen allait chercher de quoi les sécher et allait pendre son linge quelque part, il se dirigea vers la cuisine pour se servir un grand verre d’eau. Son crâne était encore douloureux et sa soirée d’hier soir recommençait à se faire sentir cruellement.
Après s’être hydraté, il retourna au salon en laissant son verre dans l’évier et observa Helen s’approcher de lui avec un essuie.
Son amie passa alors la serviette sur son visage et commença à les lui frotter énergiquement pour les sécher un peu. Jeff se laissa aller à rire en l’observant d’un œil. Il finit par attraper ses poignets pour l’arrêter, gardant le tissu sur son crâne.
Il aurait voulu trouver une réplique à la hauteur de la sienne mais rien ne lui vint. Il se contenta de plonger son regard dans celui de son amie, un sourire flottant sur ses lèvres. Il était bien comme ça… Mais ils ne pouvaient plus prendre le moindre risque.
Jeffrey relâcha donc Helen et attrapa la serviette en passant une main dans ses cheveux blond détrempés.

« Retourne-toi, p’tite voyeuse. J’vais enfiler ma tenue d’Adam » la prévint-il en commençant à nouer la serviette autour de sa taille

Il ôta ensuite son boxer sous l’essuie et tira une dernière fois sur le nœud qu’il avait fait pour s’assurer que le tout tiendrait.

« Je te l’offrirai si tu es sage » sourit-il dans un clin d’œil, avant de l’abandonner pour aller le pendre lui-même dans la salle de bain, abandonnant Helen au salon

Pendant qu’il le suspendait, il reprit la parole, criant à son amie depuis la salle d’eau.

« Je mangerais bien un bout, tu veux quelque chose ? Je peux te préparer un truc si tu veux »

Alors qu’il terminait de suspendre son sous-vêtement, guettant distraitement la réponse d’Helen, cette dernière surgit dans son dos. Le jeune homme sursauta lorsque sa peau entra en contact avec celle de la propriétaire des lieux. Un frisson le parcourut tandis qui sentait son corps humide et chaud venir se coller au sien.
Bordel mais à QUOI jouait-elle encore !?
N’avait-elle pas encore compris ? Leur dispute n’avait-elle servie à rien ? A moins qu’elle essaie de lui faire passer un message…
Non, ce n’était certainement pas ça.
Tandis qu’il se raidissait sous ses caresses, son cerveau en ébullition, il sentit Helen se dresser sur la pointe des pieds en s’appuyant un peu mieux sur lui. Son cœur venait une fois de connaitre une accélération fulgurante. A ce train là, il aurait une attaque avant les douze coups de minuit ! Ouais, c’était sûrement ce qu’elle voulait d’ailleurs : sa mort. Sinon pourquoi agirait-elle de cette manière ?
Et ses doutes furent confirmés lorsqu’Helen déposa un baiser humide dans son cou avant de s’attaquer à son oreille. Son point faible. Il adorait qu’une fille mordille ou embrasse son oreille.
Mais cette fois, ce contact ne fit que le rebuter.

Il se retourna immédiatement, les yeux écarquillés et la bouche sèche. Son amie lui adressa un clin d’œil avant de s’enfuir en lui présentant sa langue… et son dos. Evidemment, ce n’est pas à cette partie de son anatomie qu’il s’intéressa lorsqu’elle s’éloigna pour rejoindre la cuisine.
Encore sous le choc, il resta comme paralysé un moment indéfini.
Une fois encore, il était partagé entre colère, envie et frustration. Colère contre Helen qui ne cessait de lui envoyer des signaux contradictoires. Il pensait pourtant s’être fait comprendre avec ses propres signaux…
Jeff lui avait dit avoir plus besoin d’elle qu’il ne le pensait, lui avait demandé de ne plus lui tourner autour tant qu’elle ne saurait pas ce qu’elle voulait. C’était clair, non ? Bon d’accord, il l’avait un peu taquinée précédemment, mais ça ne lui donnait pas le droit de le chauffer de la sorte ! Parce qu’il savait bien que ce n’était que de la provocation, de l’esbroufe !

L’idée d’attraper ses affaires et de quitter l’appartement sans un mot l’effleura un instant, mais il la repoussa très vite. Une bien meilleure venait de germer dans son esprit…
Pourquoi s’évertuait-il à la repousser alors que tout ce qu’il désirait, c’était l’avoir ? Pourquoi ne jouerait-il pas le même jeu qu’elle ? Il avait droit de s’amuser et d’en profiter lui aussi après tout !
Evidemment, il connaissait la réponse à ses questions. Il voulait simplement se préserver, éviter de trop souffrir quand elle mettrait le ola et lui dirait qu’il allait trop loin. Mais en attendant, il pourrait goûter un peu au fruit défendu, non ? Il pourrait obtenir un peu de ce qu’il voulait… mais supporterait-il de la perdre si proche du but ?

« Et puis merde, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? » marmonna-t-il pour lui-même

Sortant de sa torpeur, Jeffrey rejoignit Helen dans la cuisine où elle s’afférait. Il se hissa sur le plan de travail en la fixant intensément, laissant ses jambes pendre dans le vide. Les secondes s’écoulèrent dans un silence relatif, les bruits caractéristiques d’une cuisine en activité venant le rompre.
Alors qu’Helen passait devant lui pour aller chercher il ne savait quoi, il tendit la main et la saisit. Il remarqua alors la marque violacée sur son propre bras à l’endroit où Helen l’avait bousculé au cours de leur dispute, mais n’y prêta pas attention.

« Viens un peu par là, ma jolie » minauda le jeune homme en l’attirant à lui, écartant ses jambes couvertes par la serviette de bain nouée à sa taille

Avec délicatesse, calculant soigneusement chacun de ses gestes, il replaça une mèche de cheveux d’Helen derrière son oreille puis caressa sa joue de son pouce. Son regard clair plongé dans le sien, il la fixa sans un mot durant de longues secondes, jusqu’à voir un tic nerveux apparaitre au coin des lèvres de son amie, signe qu’elle était gênée.

« Et si jamais j’en voulais effectivement plus ? » l’interrogea Jeff d’un ton parfaitement neutre, sans ciller une seconde

Il posa son autre main sur les hanches dénudées de la jeune femme devant lui et fit glisser son petit doigt dans l’élastique de son sous-vêtement. Lentement, sans la quitter des yeux, il passa son pouce sur ses lèvres avant de diriger sa main droite vers le dos de son amie, là où se trouvait son tatouage. Le jeune homme se mordilla ensuite la lèvre inférieure, les sourcils haussés dans une expression interrogatrice.

Jeffrey compris qu’il n’obtiendrait rien d’Helen à l’instant où elle plongea son regard dans le sien. Il la mettait affreusement mal à l’aise et d’un certain côté, ça lui plaisait beaucoup.
Elle voyait ce que ça faisait. Elle se mettait à sa place un instant et peut-être que ça lui servirait de leçon.
Evidemment, d’un autre côté, il était également déçu. Il aurait aimé qu’elle entre dans son jeu et pouvoir en profiter un peu. Pour le moment, il n’y avait qu’elle qui semblait s’amuser à jouer avec lui, pourquoi l’inverse ne serait pas possible ?
En revanche, ce qu’il n’éprouvait plus, c’était la culpabilité. Ce sentiment l’avait déserté quelques instants plus tôt et ce n’était pas plus mal.
Le jeune homme n’avait jamais été revanchard. Les gens pouvaient habituellement se servir de lui, l’user jusqu’à la moelle et revenir en deuxième semaine pour recommencer. Jusqu’ici, il s’était toujours fichu qu’on se serve de lui.
Après le coup qu’on lui avait quelques années plus tôt, il était blindé de toute manière et plus rien ne l’atteignait vraiment. Qu’on se fiche de lui l’attristait, mais il se faisait toujours une raison.
Sauf que là, l’attaque venait d’Helen. La fille qu’il estimait le plus au monde. Sa meilleure amie, sa confidente ; celle qu’il aurait voulu avoir pour amante.
C’était douloureux. Du moins, ça l’avait été jusqu’à très récemment. JUsqu’à l’épisode dans la salle de bain.
On pouvait lui faire ce qu’on voulait tant qu’on n’atteignait pas son cœur, tant qu’on n’appuyait pas là où ça faisait vraiment mal...

Mais Helen avait joué avec lui et il s’était senti idiot, sale, monstrueux et diablement vulnérable. Il avait été à sa merci et elle l’avait piétiné dans un de ses sourires si parfaits.
Il lui avait fallut du temps pour l’accepter dans sa vie et elle avait mis un moment à l’apprivoiser. Il l’avait laissé entrer. Il lui avait ouvert la cage qui entourait son stupide organe vital et elle s’était approchée sournoisement pour s’en servir de punching-ball. Mais la sécurité s’était activée. Helen avait été repoussée et la cage s’était refermée. Le blindage était maintenant doublé…
Il ne se ferait plus avoir. Oh ça, non !

Les traits tendus par une colère insidieuse, Jeff observa le dos d’Helen. Cette fois, il ne se laissa pas aller à admirer ses formes, à lorgner son tatouage ou à imaginer la douceur de sa peau sous ses doigts. Il ne vit que le dos d’une manipulatrice qui venait une fois encore de le repousser.
Mais elle paierait. D’une manière ou d’une autre, il lui ferait payer ce qu’elle venait de faire.
C’était la première fois que de telles pensées lui venaient et elles l’effrayèrent… au moins autant qu’elle l’excitèrent. La vengeance était un plat qui se mangeait froid.
Pour l’instant, il allait savourer celui qu’Helen lui avait préparé.

« C’est parfait, ma poule » minauda-t-il comme si de rien était

Il sauta au bas du meuble mais ne s’approcha pas de la table de cuisine. Au contraire, il retourna du côté de la salle de bain en vitesse. Il ne lui fallut que quelques secondes pour en revenir, son cellulaire entre les mains. Il le présenta à Helen dans un sourire et s’approcha.

« Je propose une photo pour marquer cette journée ! » Lança Jeff avec entrain « Pour que ni toi, ni moi n’oublions que notre amitié est indéfectible… T’as vu, je connais des mots de plus de deux syllabes » rit-il joyeusement en faisant le tour de la table pour passer un bras autour des hanches d’Helen qui semblait toujours aussi tendue « Fais-moi un beau sourire ma belle... » Souffla-t-il à son oreille, l’appareil dirigés vers leurs deux visages, ne laissant pas le temps à son amie de donner son avis sur la question

Au moment où il appuyait sur le déclencheur, sans crier gare, il tourna la tête vers Helen et captura ses lèvres dans un baiser qui ne dura que le temps du flash.

Une fois la photo prise, Jeff s’écarta d’Helen sans plus lui accorder d’attention. Il tenait sa vengeance dans le creux de sa main…
Une photo. Une simple photo pouvait faire changer beaucoup de choses dans leur vie à tous les deux ; à tous les trois. Le jeune homme l’avait prise dans le seul but de la montrer à son cousin. Il savait déjà comment il s’y prendrait, il la mettrait en fond d’écran, laisserait son portable dans un coin et demanderai à Travis de vérifier quelque chose dessus pour lui. Ensuite, il jouerait les innocents et lui demanderait si ça le gênait ou pas. Jeffrey utiliserait la carte de la fausse culpabilité, lui disant qu’il pensait leur histoire terminée et avait été ‘trop con’ d’afficher ainsi la photo et de ne pas lui en avoir parlé plus tôt.
Et ça fonctionnerait. Parce que son cousin était un garçon absolument adorable… un type parfait…
Le doute s’insinua soudainement en lui comme un poison.
Allait-il trop loin ? Travis ne lui avait rien fait, lui… pourquoi le ferait-il souffrir ? Evidemment, le blesser de cette manière atteindrait également Helen mais était-ce juste ? La réponse était évidente : non. C’était cruel. Utiliser son cousin pour parvenir à ses fins et se venger était puéril, minable, indigne de lui. Mais il était blessé dans son amour-propre.

Helen ne lui laissa pas le temps de s’appesantir bien longtemps. La jeune femme changea subitement d’attitude, réalisant sans doute ce qui venait de se passer. Son regard était maintenant coléreux et le ton de sa voix cassant. Pourtant, on pouvait y discerner de la supplication.
Elle avait compris. Jeff en était maintenant certain. Elle savait ce qu’il prévoyait de faire et leur petit jeu n’en était plus un. Les choses devenaient sérieuses…
Et le jeune homme savait qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible. Il avait effectivement été trop loin.

Un sourire mauvais étira ses lèvres et il répondit sur un ton sarcastique au possible, l’appareil maintenant dissimulé dans son dos. Le jeune homme le serrait avec force dans une main devenue moite.
Il ne chercha pas à mentir ou à jouer les ingénus. Leur jeu n’avait plus rien d’innocent et ils savaient pertinemment ce qui se jouait tous les deux.

« Et pourquoi je ferai ça, Helen ? Pour que tu l’effaces ? Pour protéger ce cher Travis et qu’il ne découvre pas ce que tu fabriques avec moi derrière son dos ? Pour que vous ayez une chance de vous remettre ensembles ? » Minauda Jeffrey en levant les yeux au ciel d’un air moqueur « Ça te dérangeait pas tout à l’heure de m’embrasser pourtant. Ça te gênait absolument pas de jouer avec moi dans la salle de bain… Qu’est-ce que tu cherches ? C’est pour préserver ta réputation de sainte nitouche, hm ? Parce qu’aux yeux de tous, tu es tellement parfaite, si gentille… jamais tu ne manipulerais celui que tu appelles ton meilleur ami de manière aussi odieuse, hein, Helen? » Demanda-t-il sa gorge se nouant sous la colère qui l’assaillait « Pourquoi je te laisserai effacer la preuve que t’es rien d’autre qu’une saleté de petite garce allumeuse et perfide ? Dis-moi pourquoi je ferai ça !? »

Son cœur cognait férocement dans sa poitrine tandis que les mots jaillissaient de sa bouche d’un ton fielleux qui le surprit lui-même. Il n’avait jamais été aussi en colère de toute son existence. Et pourtant, il était un colérique invétéré.
Mais aujourd’hui, il était au-delà de la simple colère. Il était furieux. Au point de franchir la ligne.